Un Ciel Radieux de Jirô Taniguchi

Takuya est un jeune champion de motocross qu’on imagine pour le moins arrogant tant envers ses amis qu’envers ses parents. Kazuhiro est un père de famille quadragénaire complétement obnubilé par son travail et ses résultats impossibles à atteindre. Issus de vies ordinaires en un monde ordinaire leur accident les liera d’une façon inattendue. Car si Kazuhiro meure, le jeune Takuya survit, amnésique, mais surtout habité désormais par la conscience du quadra…

Deux âmes pour un seul corps, situation fantastique dans un univers ordinaire. Une habitude, un sentiment de sécurité et de réconfort lorsque l’on tient entre ses mains un manga de Jirô Taniguchi. Après m’avoir retourné avec la Montagne Magique, mais surtout avec Quartier Lointain, me revoilà avec cet auteur sur les bras. Derrière une apparente simplicité tant de l’histoire que du dessin (ce-dernier ressemblant fortement et forcément à celui de ses deux autres œuvres), Taniguchi arrive pourtant sans peine et sans artifice à chambouler son lecteur avec des sentiments livrés de la façon la plus simple possible.

On suit donc d’un seul trait les aventures du duo Takuya/Kazuhiro confrontés à une situation particulière où le corps de l’un répond à la conscience de l’autre pour un temps seulement, le temps de dire au revoir, le temps de comprendre ses erreurs mais aussi celles de son hôte. Un Ciel Radieux est à même de provoquer les larmes chez le lecteur (pas que je sois hyper émotif mais je me suis fait avoir par deux fois…) mêlées de tristesse, de nostalgie et d’une pointe de bonheur.

Peut-être que ça paraît niais comme ça, pourtant Taniguchi possède un don certain pour plonger son public dans son propre monde contemporain où un rien de fantastique, un événement inaperçu et inattendu, va tout bousculer. Une parenthèse à vivre, à lire absolument, au calme, au soleil, sous un Ciel radieux, évidemment.

Publié chez Casterman.