J’ai traîné des pieds en début d’année pour aller voir le Hobbit au cinéma, pour ressortir finalement avec une bonne impression, quoique teintée de quelques regrets. Chliffanger oblige – mais connaissant l’histoire malgré tout – j’ai été un peu moins long à me décider pour aller voir la Désolation de Smaug, et ici, voyez-vous, c’est un peu de désolation qu’il s’agit.
Accoutumés que nous sommes de la réalisation de Peter Jackson, j’avoue que le style commence à me lasser, sans forcément me déplaire, ce qui est contradictoire, je sais. Mais il arrive un moment où je me dis que j’aimerais voir le réalisateur ailleurs qu’en Terre du Milieu pour se frotter à d’autres défis cinématographiques. Car bien que Bilbo demeure un fort joli conte, sa mise en scène s’allonge jusqu’à plus soif au travers de plans certes jolis, mais étrangement moins que pour le premier épisode de cette nouvelle saga.
Les paysages ne coupent plus le souffle, à deux ou trois exceptions peut-être. Le monde s’obscurcit, et la nature de l’ennemi se révèle…à la longue mais, évidemment, sans surprise. Alors ce n’est pas du côté de l’histoire qu’il y a à redire, les ajouts sont même bienvenus, Tauriel apporte une présence féminine agréable sans trop bousculer l’histoire, installant un triangle amoureux un peu niais mais qui permet à Peter Jackson de rallonger le film (et certainement la suite).
Si ce n’est l’histoire, c’est donc le reste, la réalisation, les effets spéciaux, tout ça… Car le film passe régulièrement du bon au médiocre en terme d’effets, d’incrustations et autres. Smaug est réussi, indéniablement, Beorn également lorsqu’il est un ours (pour le côté humain chacun y trouvera à redire), la ville du Lac est très belle aussi. Pour ce qui est de l’incrustation de Thorin en « mode Nain » au milieu des hommes c’est un peu foiré, plus quelques effets douteux.
Vient ensuite la réalisation…poussiéreuse. On ne parle plus d’hommage aux films d’autrefois, car là c’est carrément du n’importe quoi, des plans inutilement longs pour dépasser les 2 heures sans heurter le public, de travelling arrières répétitifs qui ne mènent sur rien, de coupes brutales entre les scènes, de l’effet « plongée sans fin » dans la pupille de Sauron digne des années 70, limite psyché. Au bout d’un moment ça fait beaucoup. Sans parler des incohérences, une parmi d’autres : Smaug repère sans problème Bilbo, alors invisible, par son souffle et son odeur, pourtant en passant à un mètre au dessus d’une troupe de Nains il est incapable de les voir…mouais… Bon il y a aussi Thorin qui surfe sur l’or en fusion sans jamais se brûler…respect…
C’est le double effet Kiss Kool, le Hobbit m’avait plu alors que je ne voulais presque pas le voir, la désolation de Smaug m’a déçu alors que j’en attendais tant… Et c’est d’autant plus dommage qu’avec tant de qualités il se laisse tirer par le bas par une poignée de défauts. Peut-être la lassitude s’installe-t-elle, même la musique commence à me vriller les oreilles, c’est dire. Il reste donc un ultime espoir pour transformer le tout dans un épisode qui s’annonce épique. Croisons les doigts. Et si la note paraît sévère, elle ne reflète que la déception face à l’attente. Ah, avant que j’oublie : il aurait pas grossi Legolas ???
14/20