Les plus puissants ont aussi leurs faiblesses. C’est ce que je me tue à me dire lorsque je pense à Tarantino. Dieu qu’il est loin Pulp Fiction et son ambiance absolument unique, qu’il est loin Reservoir Dogs avec ses dialogues incroyables. Il faut dire qu’après un Kill Bill osé et superbe, et un Boulevard de la Mort… mortel, j’avais été un peu refroidi par Inglorious Basterds, de fait j’attendais beaucoup de Django Unchained.
Tarantino, Western, Christoph Waltz, l’équation semble bonne, l’idée croustillante, le genre demandeur de sang neuf, même si les frères Coen sont passé par là avec True Grit. Mais je dois être prudent et ne pas m’écarter du sujet, je parle de Tarantino et de son western, idée non originale puisque inspirée par un Django de 1966 et par son amour pour les westerns spaghetti, et particulièrement ceux de Sergio Leone.
L’idée est honorable, le scénario de départ est bon, l’époque traitée est idéale pour placer un cowboy noir, puisque nous somme en pleine traite négrière, 2 ans avant la Sécession, qui plus est en plein Mississippi, bref là où on peut s’attendre à tout sauf à un cowboy noir, ancien esclave affranchi, devenu chasseur de prime et recherchant sa femme, elle-même encore esclave… Aidé par un montage propre à Quentin Tarantino qui n’hésite pas à couper une scène pour un petit retour en arrière souvent croustillant, je pense évidemment au coup de la cagoule, vraiment drôle.
Bande son superbe, plans maîtrisés même si au final je ne retrouve pas la patte propre aux westerns, les plans larges et fixes, les gros plans sur les visages, sur la main prête à dégainer. Ici Django est une fine gâchette, ce qui n’autorise de fait aucun duel tant l’homme est bon avec son colt 6 coups, nuisant donc une nouvelle fois à l’image du western tel que je l’imagine. Mais là où j’ai le plus de remords, c’est sur la dernière demi-heure de bobine. L’idée de revanche « totale » fini par s’épuiser dans son traitement exagéré, d’un seul coup Tarantino cède au n’importe quoi, un coup de revolver qui fait littéralement décoller une victime, de la dynamite qui ruine intégralement un édifice… Une accumulation de scènes qui nuisent à un film qui frisait parfois le cinéma presque parfait.
Les acteurs rattrapent néanmoins le coup, tous excellents hormis Tarantino himself qui fait un peu pâle figure face aux géants du casting. Ici la technique est maîtrisée (normal c’est Quentin !) et le film m’a plus convaincu qu’Inglorious Basterds, pourtant rien n’y fait, sans être mauvais, loin s’en faut, Django Unchained passe d’une note qui aurait pu être très bonne à celle qui clôt ce chapitre, et ce pour 30 minutes de trop…
15/20